Avant même que le jour nous voie, une part de nous prend pied dans le monde, sous la forme d’un songe, d’une pensée diffuse, d’une anticipation.
Nous ne sommes alors rien d’autre qu’un paquet d’images mentales plus ou moins nettes, un désir plus ou moins fort exprimé par les bouches et les coeurs de tous ceux qui nous créerons pour la réalité.
Notre famille nous invente bien avant notre vie, et lorsque celle-ci nous dépose tout chaud à la maternité, nous imprimons immédiatement un fantasme sur les deux faces d’une seule médaille.
A peine conscients, nous nous cherchons un sens, une direction, dans une raison d’être unique au monde. Nous accumulons des heures et des heures d’indépendance, de choix, de contraintes, d’expériences et de rencontres. Notre personnalité incruste alors des années de sensations à la surface d’un miroir déformant.
Peu à peu, nous devenons nous même, des êtres à part entière, des désirs particuliers, des exceptions dans la règle. Nous volons comme dit le proverbe, de nos très propres ailes.
Mais sans le vouloir peut-être, nous emmenons un songe par la main, jusque dans nos plus belles nuits d’été. Et quand vient le temps, parfois, d’une faille, d’ un doute, d’une absence ou d’un espoir déçu, nous mouchons nos nez dans du papier, nos existences se retournent sous le drap, nous regardent dans les yeux, et nous reposent une question non résolue :
Sommes nous réellement autre chose que le rêve de nos parents ?
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