Choses chosées


Les choses chosées sont des flous sans autres sens que des mots qui s’y posent; poésie de clin d’oeil à des pétales de prose.


Le Complexe Intello
Au sujet d'un sujet
Des idées d'idées.
Transporte-clé
Etre ou ne paraître
Le rasoir
Ma dure Odyssée
Ma longue Iliade
L'école des femmes



Par Franck


Le complexe intello


Il y a longtemps, dans une quêt’ j’ai ouvert un Perrault .
Un’ fée penchée sur mes lunett’s et m’a sussuré ces rots :
Va sur les pages par désir, tu seras intello !
Sans hésiter j’ai su sourire et cessé mes sanglots
J’ai couru jusqu’à mes neuron’s pour les remplir de mots !
Depuis souvent l’on me soupçonn’ d’un poil bavarder trop
Mais pour me rincer de tendresse en suant sang et eau
Je prends mon pied c’est ma faibllesse en jouissant du cerveau.


Issy les Moulinaux, 03-11-03, Par Franck


Au sujet d'un sujet


Au sujet d’un sujet qui n’en finit jamais d’être une idée qui en enchaîne une autre, nous nous tournons les pouces dans un cercle précieux de sens imbriqués à l’intérieur d’une boite sans fond de sentiments obscurs, de souvenirs déformés, de bouts de langage, de gens, de soleil, de pizza et de caresses, nous subissons des marées d’inconscients embrassés, nous caressons des collections de possibilités dans des choses parlées, des rêves de miraculées conceptions, des perles dévalant des fils sans boucle et sans yeux, des virgules infinies de pauses remplies de rien, du souffle mort, du vide en couleurs vives, des symphonies de silences sur l’éternelle course des jolies heures passées sans cesse d’un sujet à un autre qui n’en finit jamais d’être une idée qui en déchaîne une autre, nous écoulons une trouble pensée.


Issy les Moulinaux, 05-11-03, Par Franck


Des idées d'idées.


Certains pensent que les idées viennent comme des fées clochettes.
Certains croient que les idées sont munies de petites ailes électriques, de motos rutilantes, qu’elles enfourchent dans l’espace des licornes en mousse, pour nous entrer par l’oreille et nous vomir par la bouche.
Certains rêvent que les idées se cachent, enfouies sous des bulles de béton, inaccessibles, farouches et cruelles comme des mantes religieuses ; certains rêvent que les idées polluent la bouse des vaches normandes, qu’elles salissent les trottoirs de crachats gluants et nauséabonds, qu’elles pourissent dans des charniers de cadavres exquis.
Certains sont certains que les idées s’égarent dans des dédales de contradictions floues, des mélanges d’alcool et de sel, des milk-shakes de n’importe quoi, qu’elles pissent dans des violons cassés, qu’elles se ligotent dans des fils d’Ariane, qu’elles en rajoutent des couches de confiture sur le nutella de la vie.
Certains aiment éplucher les idées en peaux d’oignons, à la recherche du coeur d’artichaud perdu, sans cesse repoussé par les larmes et les couteaux de cuisine, les idées seraient alors des pellicules photographiques, des molécules divisées à l’infini et pourquoi pas même, un seul noyau de pêche creusé dans le vagin du Big Bang.


Chartres, 08-11-03, Par Franck


Transporte-clé


Il cherche une clé. Il trouve une porte. Il force une serrure sans trou. Il traverse un miroir et se fixe des yeux. Il effleure un reflet. Il se pose ailleurs, dans un autre silence, plus coloré. Il s’assoit dans l’herbe mouillée d’un parking souterrain. Il guette, au loin, le roulement d’une vague immobile dans laquelle s’engouffre un rayon de soleil orangé, une figure découpée dans du papier crépon. Il y enfonce ses doigts et en retire des poupées de sable. Il sculpte une matière volatile. Il contemple une formule magique drapée dans un manteau, un point inaccesible de lumière blanche. Il attend. Il dilate l’espace d’un instant. Il se dédouble, s’étire comme le tissu d’un éventail. Il se sort du sens, il déboîte sa logique, si tristement concrète, en fait des cubes sans queue ni tête, ni sexe , ni cerveau. Il se pose sur le souffle des choses, s’y égare, s’y retrouve, s’y accroche comme à une bouée. Le ciel se fissure sur un cristal de sel et de vent, de lourds parfums maritimes explosent des poissons miroitants, des coquillages étoilés, des algues en paillettes, des hippocampes en tutu lunaire. Une foule de possibilité s’allonge, écarte alors ses cuisses, et le flot débile déborde du vase qu’il serre si fort contre son coeur, comme un rempart à la course inéxorable d’une aiguille.
Il veut parler.
Il se transporte.
Il trouve une clé.
Il cherche une porte.


Nantes, 18-11-03, Par Franck


Etre ou ne paraître


On s’aime au reflet des fenêtres
On pleure au regard des miroirs
On voudrais être ou ne paraître
On se cherche dans des histoires
On dort aux ombres des affiches
On rêve aux lumières des écrans
On sème nos désirs en friche
On plante nos cœurs à nos dents
On garde une soif pour l’espoir
On craque aux flammes des parfums
On tente tout être et avoir
On s’effraie dans des trous sans frein
On se mouille aux câlins du lit
On s’écoule au fond des bouteilles
On se ressasse des non dits
On s’inspire au meilleur soleil
On crée des choses, on mord des vies
On se couche sur du papier
On n’est jamais plus qu’une envie
En rime en vers en prose en pied


Corbas, 31-01-04, Par Franck


Le rasoir


La tendre peau fait d’un morceau de corps
Un drap de neige au parcours de la lame
Qui le déchire et le sang perle alors
De longs sanglots sans douleur et sans drame
Dans le miroir rouge et blanc se mélangent
Et mon reflet défigure un visage
Tout à la fois familier et étrange
Mon père ou moi ? Je confonds des images.


Issy les Moulineaux, 06-02-04, Par Franck


Ma dure Odyssée


Je fends mon coeur d’un voile en crevant un écran
Je déchire des mots des étoiles et du sang
Du noir à la couleur le monde est aveuglant
C’est la grâce d’une heure plus féconde à l’instant
Bourgeon tendre inondé dans la bouteille en verre
Je craque l’orchidée détrempée de ma mère
Ma dure odyssée fut de traverser l’espace
M’entraînant lisse et nu sous des soleils de strass
L’air de la pièce aiguise ses lames dans ma bouche
Ma pensée se déguise aux larmes que je couche
Dans un bonheur bizarre j’entends les cris du vent
Du passé quelque part me voilà au présent.


Issy les Moulineaux, 23-02-04, Par Franck


Ma longue Iliade


Je sens mon coeur si pâle en transperçant l’écran
J’expire dans des mots, mon final est sanglant
De la couleur au noir, le monde est un enfant
C’est la faute d’un soir plus fatal à l’instant
Feuille d’arbre brûlée dans un four de l’enfer
Mon âme peut plier dans un désir d’Homère
Ma longue Iliade ira aux confins de l’espace
M’entraînant triste et fade au dur sommeil de glace
L’air de la pièce endort ses soupirs dans ma gueule
Ma pensée cherche un port qui ne soit pas linceul
Dans une peur étrange j’entends les cris du vent
J’irai, pressé par l’ange qui me vole au présent


Issy les Moulineaux, 24-02-04, Par Franck


L'école des femmes


Comédie musicale en un Acte.

Personnages :

Agnès, Le Père,Le Mari, La Mère, La Belle-Mère Ernesto, Gilberto, Roberto.


LE PERE :
Agnès écoutez moi, cette playstation
Vous ferme tout accès à la conversation
Or votre mère et moi eut égard à votre âge
Souhaiterions négociez votre dépucelage


AGNES :
Mais père laissez moi terminer ma partie


LE PERE :
Putain d'bordel de merde ! Agnès cela suffit
Chaque chose en son temps et le votre est venu
D'honorer notre nom en offrant votre cul
Il se trouve parmi mes proches partenaires
Un homme dont le fils


LE MARI :
Futur haut fonctionnaire !


LE PERE :
Fera un bon parti pour vous comme pour moi


LA MERE :
Je ne puis plus longtemps retenir mon émoi !
Mon ange, tendre enfant, ma douce tourterelle
Tu voles maintenant de tes petites ailes


LE PERE :
Monique ferm' ta gueule, ou je te botte les fesses
Lâchez cette console je vous l'ordonne Agnès


LA MERE :
Ecoutez votre père et tenez le pour dit


LE PERE :
J'accorde votre main au charmant Jean Louis


AGNES :
Mais si ce mou du gland n'a pas l'heur de me plaire ?


LE PERE :
Là n'est pas la question car comme a dit Molière :
Votre sexe n'est là que pour la dépendance
Du côté de la barbe est la toute puissance
Bien qu on soit deux moitiés de la société
Ces deux moitiés pourtant n'ont point d'égalité
L'une est moitié suprême et l'autre subalterne
L'une en tout est soumise à l'autre qui gouverne


LE MARI :
Agnès écoutez moi cett' super nintendo
Vous ferme tout accès à la raison des mots
Vous voilà investie du titre d'épousée


LA BELLE MERE :
Et ce rôle se doit d'être bien composé


LE MARI :
Bien qu'avant votre noce vous passâtes le BAC
Vous n'aurez nul besoin de vous rendre à la fac
Je gagne pour nous deux de l'argent bien assez
Et croit bien mieux pour vous de ne point potasser


LA BELLE MERE :
Prenez ici vos aises, en maîtresse des lieux
Vous bénéficierez de ce qu il y a de mieux


LE PERE :
Commandez aux servants comme il vous conviendra


LA BELLE MERE :
Pour vous déplacements Roudoudou conduira


LE MARI :
Organisez des brunchs et quelques réceptions


LA MERE :
Quand bon vous semblera donnez au Téléthon


LE MARI :
Occupez vos journées, attendez moi la nuit
Et montrez vous docile à toutes mes envies


AGNES :
Mais Jean Louis, faut payer pour me remplir le trou


LE MARI :
Ne vous tourmentez pas car maman voyez vous
Propose de gérer votre budget menstruel


LA BELLE MERE :
Tout en vous inculquant les règles essentielles


LE MARI :
A la bonne gestion de notre maisonnée
Connaissant mes désirs mieux que je les connais
Mère sera pour vous


LA BELLE MERE :
Un exemple !


LE MARI :
Un modèle !
Une inspiration


LA BELLE MERE :
Et une amie fidèle


AGNES :
Et si cette pétasse me tape sur les nerfs ?


LE MARI :
Là n'est pas la question, car comme dit votre père
Votre sexe n'est là que pour la dépendance
Du côté de la barbe est la toute puissance
Bien qu on soit deux moitiés de la société
Ces deux moitiés pourtant n'ont point d égalité
L'une est moitié suprême et l'autre subalterne
L'une en tout est soumise à l'autre qui gouverne


LA BELLE MERE :
Agnès écoutez moi, l'écran de ce portable
Vous ferme tout accès au discours raisonnable
Jean Louis mérite au monde ce qu il y a de mieux
Et vous semblez ma chère sortir de la banlieue
Votre accent est vulgaire, comme vos vêtements
Votre vocabulaire est plus qu horripilant
A mon grand désarroi je dois vous prendre en main
Alors travaillez dur


LE MARI :
Et obéissez bien


LA BELLE MERE :
Saluez Ernesto, je l'appelle « doigts d'or »
Il est un surdoué du ciseau je l'adore


LE MARI :
Vous la teindrez en rousse


LA BELLE MERE :
Je suis rousse moi même
Je sais par dessus tout à quel point Jean Louis m'aime
Saluez Roberto, je l'appelle Musclor


LE MARI :
Il est un surdoué de la trempe de Dior


LA BELLE MERE :
Enfilez ce tailleur, j'en ai dix exemplaires
Je sais que mon fiston plus que tout le vénère
Saluez Gilberto


LE MARI :
Elle l'appelle "Plus fort !!!"


LA BELLE MERE :
Il saura dans la soie sublimez votre corps
Vêtissez ces guêpières elle me vont à ravir
J'ai bercé Jean Louis dans le parfum du cuir
Vous voilà à présent parée pour l'enivrer


LE MARI :
Si ce n'est ce secret


LA BELLE MERE :
Que je vais vous livrer
Enduisez le de talc, sanglez le dans des couches
Laissez uriner même dans votre bouche
Et si ces fantaisies n'ont pas l'heur de vous plaire
Consolez vos soucis en évoquant Molière
Votre sexe n'est là que pour la dépendance
Du côté de la barbe est la toute puissance
Bien qu on soit deux moitiés de la société
Ces deux moitiés pourtant n'ont point d égalité
L'une est moitié suprême et l'autre subalterne
L'une en tout est soumise à l'autre qui gouverne
Et ce que le soldat dans son devoir instruit
Montre d'obéissance au chef qui le conduit
Le valet à son maître un enfant à son père
A son supérieur le moindre petit frère
N'approche point encor de la docilité
Et de l'obéissance et de l'humilité
Et du profond respect où la femme doit être
Pour son mari son chef son seigneur et son maître (bis)

Issy les Moulineaux, 15-11-04, Par Franck